D’où l’angoisse des parents qui ne savent que faire et ne veulent surtout pas le “forcer” pour une activité dont le but est le plaisir avant tout !
Mon enfant se braque !
Il faut savoir qu’un jeune enfant débutant le piano (ou une autre activité) se laisse facilement submerger par la difficulté et cela déclenche en lui une tempête émotionnelle qu’il a du mal à gérer.
Il n’a pas toujours le recul et les moyens nécessaires pour faire face.
En effet, le cerveau chez l’être humain n’atteint sa pleine maturité que vers 25 ans comme quoi, aucun cas n’est désespéré ! 😉
Conséquence : il se braque et.. ne veut plus continuer car il se sent complètement démuni et désarmé devant ce que l’on attend de lui !
Cette difficulté peut être de tout ordre ; en rapport direct avec l’instrument, avec son professeur ou causée par une contrariété dans sa vie qui ne favorise pas sa concentration.
Il peut s’agir :
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- juste d’une incompréhension des consignes du professeur : il faut compter 2 après chaque blanche
- d’une réelle impossibilité à mettre en œuvre certaines actions demandées : lève la main sur les silences . En effet, cela demande une véritable indépendance des mains
- ou tout simplement que l’enfant n’a pas envie de jouer du piano aujourd’hui, car il a déjà eu une journée bien remplie !
Cependant le fait de définir clairement les difficultés ne suffit pas forcément à aider son enfant et à désamorcer la crise lorsqu’elle est là !
Comment l’aider ?
Deux attitudes sont à mon avis à adopter et vont améliorer considérablement les choses.
1. Détourner son attention du problème
Quand un jeune pianiste est découragé ou déconcentré, il faut détourner son attention du problème et l’encourager à aller vers ce qu’il connaît, ce qui le rassure.
On sait tous que ce que préfèrent les enfants, c’est jouer et se raconter des histoires. On peut donc aisément imaginer un jeu autour d’une problématique.
Par exemple : il a du mal à déchiffrer son morceau, on peut lui suggérer de :
- faire vivre les notes en leur donnant une personnalité propre et des surnoms rigolos (M. Moustache pour le Do du milieu, M. Fier pour le Do qui habite plus haut etc…)
- raconter une histoire en lien avec le titre du morceau (n’oublions pas que les notes chantent et sont agencées en phrases mélodiques !)
- mettre des paroles sur la musique (pour repérer les motifs qui se répètent)
- écrire la suite du morceau (cela suppose d’avoir entendu et joué ce qui précède)
Tout cela afin que l’enfant débutant le piano se réapproprie les connaissances et ne se sente plus dépassé par les évènements mais totalement impliqué !
Et après, je peux vous assurer que le problème est oublié !
2. Encourager et féliciter l’enfant pour tous ses progrès
Je rajouterai même pour les plus infimes progrès. Car ce qui peut sembler mineur pour vous est peut-être pour lui une montagne !
La conscience qu'à l'enfant de sa propre valeur passe par le regard des autres et surtout des adultes référents (parents, enseignants)Click to TweetPar exemple, si vous répétez à un enfant ou à un élève à chaque fois que vous le voyez qu’il est étourdi et bon à rien. Il y a de fortes chances (ou plutôt de forts risques !) qu’il le devienne !
Car dans sa tête, il ne peut en être autrement, si on lui répète souvent les mêmes choses, il s’en persuade !
Il ne faut pas oublier qu’il est en pleine construction et qu’il n’a pas le recul et l’expérience de l’adulte !
Ainsi, en lui renvoyant une bonne image de sa personne, on lui permet de prendre confiance en lui et en ses capacités.
Le professeur de piano a donc un rôle majeur à jouer auprès de l’enfant débutant qui est de faire en sorte que la première approche du piano se fasse le plus en douceur possible. Ce sera déterminant pour la suite.
L’enfant un peu plus grand de 10-12 ans, peut avoir aussi besoin d’être rassuré sur ses qualités. Mais l’école et l’éducation lui aura appris dans une certaine mesure à mieux supporter la frustration donc il ne fera pas de crises même si par moment, il revendique encore haut et fort que le piano, c’est trop dur !
En conclusion, il est facile d’encourager l’enfant débutant le piano en se mettant à son écoute et en renforçant le caractère ludique des leçons de piano (après tout, qui a dit que l’on ne pouvait pas s’amuser au cours de piano ?)
Et vous, qu’en pensez-vous ? Votre enfant vit-il ce genre de situation, comment réagissez-vous ?
Merci pour ces conseils qui rassurent. Je suis une jeune professeure de piano très soucieuse que mes élèves s’amusent en apprenant le piano. Cependant il arrive parfois qu’ils se braquent en pensant qu’ils sont incapables de faire quoi que ce soit (j’accuse un peu peut-être à tord certains professeurs des écoles qui leur répète qu’ils sont “nuls”…). Dans ces moments-là, c’est très difficile de les encourager avec toute la meilleure volonté du monde… Enfin merci pour vos conseils.
@latour-jacqueline
Bonjour Jacqueline,
Merci pour votre commentaire.
Je ne suis pas sûre qu’il faille jeter la pierre aux enseignants, il font comme ils peuvent et ils ont souvent des classes surchargées.
Par contre, c’est tout à fait normal qu’un enfant se braque devant une difficulté, il n’a pas l’expérience des plus grands et cela peut être très angoissant pour lui.
Donc il se braque car il a l’impression lui tout petit de se battre contre une montagne et donc il se laisse submergé par l’émotion.
La solution c’est de l’aider à sortir de cette impasse en lui montrant et en lui prouvant par A+B qu’il est capable de faire plein de petites choses faciles qui transformeront cette chose qui lui semble insurmontable.
Un enfant comme je le dis dans l’article a besoin d’être renforcé dans le positif et c’est gagné !
Bonne journée et à bientôt !
D’abord merci infiniment pour les précieux conseils trouvés ici! Pas si facile d’enseigner à un enfant le piano je trouve. Comme je n’ai pas les moyens de payer des leçons particulières au jeune garçon de 10 ans dont je m’occupe, c’est moi qui me charge de son “éducation pianistique”. Je ne suis pas un “pianiste très expérimenté” moi-même, je suis essentiellement autodidacte, mais je tâche de lui en apprendre le plus possible tout de même. J’ai commencé à apprendre le piano alors que j’avais environ 25 ans (j’en ai 55), j’ai suivi des cours que durant une seule année, ensuite j’ai continué seul, avec quelques conseils pigés à droite et à gauche, en pratiquant de façon assez irrégulière. (En fait je suis davantage guitariste que pianiste, j’ai étudié la guitare bien davantage, mais mon garçon ne semble pas s’intéresser à cet instrument malheureusement, du moins pas encore.) Ce qui me désole un peu, c’est que je le trouve hyper “doué”, mais qu’il ne pratique pas suffisamment il me semble, du moins pas à la hauteur du “talent” que je lui trouve. J’ai dernièrement commencé de lui enseigner entre autres pièces, “Le coucou” de Louis-Claude Daquin, pièce qu’il me disait être sa préférée à l’écoute et que je considérais être à juste titre de son niveau. Je lui montre des passages qu’il m’a pris parfois des dizaines et des dizaines de répétitions à apprendre, qu’il maîtrise presque aussi bien que moi, voire mieux, après seulement 4 ou 5 répétitions tellement sa “mémoire” est plus performante que la mienne. Mais malgré cela il ne souhaite souvent pas en apprendre davantage, déclare parfois même que “c’est trop difficile”. J’ai beau l’encourager de mille et une façons, ne pas lui mettre trop de pression, et lui répéter que s’il mettait ne serait-ce que le cinquième, voire même le dixième de temps que je mets à l’étude de la musique il me “dépasserait” en moins de deux, mais peu y fait, il préfère souvent s’amuser à d’autres “jeux”. Auriez-vous quelques idées à me suggérer pour améliorer la situation? Dois-je abandonner l’idée qu’il pratique davantage ? Merci à l’avance pour l’attention que vous porterez à mon commentaire.
Sylvain Bergeron
Montréal, Québec, Canada
Bonsoir Sylvain,
Je comprends votre désarroi.
Rien n’est plus décourageant pour un proche que de voir son enfant doué au piano manquer de volonté et de motivation.
Je le sais très bien car j’ai vécu la même situation avec ma fille.
Je pense qu’il faut lâcher prise et le laisser revenir au piano tout seul à sa manière. Il a 10 ans, il ne veut peut-être plus qu’on lui dicte sa conduite. Qu’on lui dise ce qui est bien pour lui.
Donc mon meilleur conseil serait de laisser aller, de relâcher la pression et vous verrez…
D’après votre commentaire, vous lui apprenez le piano en lui demandant de reproduire vos gestes. Peut-être serait-il mieux pour progresser de lui suggérer d’apprendre les notes.
Vous pouvez le faire de façon très sympathique avec lui en jouant à ce jeu que mes élèves adorent.
J’espère que ces quelques conseils vous aideront.
A bientôt !
Merci infiniment (encore) pour votre réponse à la fois rapide et des plus judicieuses, en plus d’avisées et perspicaces! J’ai déjà en effet tenté de lui apprendre à déchiffrer “ses” morceaux par lui-même, sans mon aide, mais sans très grand succès jusqu’ici. On a bien fait quelques exercises de lecture de notes, à l’aide, entre autres, d’une ou deux méthode(s) écrite(s) pour enfants, d’apprentissage du piano, mais sans immense succès également jusqu’ici il est vrai. Merci donc beaucoup pour la suggestion du jeu en question, je vais tâcher de me le procurer aussitôt que possible! Je sais à quel point l’aspect ludique est utile à l’apprentissage, surtout chez l’enfant! J’avais déjà lu ici, entre autres articles des plus éclairants, celui sur la situation avec votre propre fille, alors merci pour ce précieux partage également! On se sent moins seul à lire toutes les informations utiles et pertinentes contenues dans votre excellent “blogue”, que je trouve des plus généreux!
Bien à vous!
Et au plaisir
Sylvain
P.-s.: Mikaël (c’est le prénom du garçon en question) joue tout de même toujours encore, entre autres, de temps en temps un peu les morceaux, et bouts de morceaux, qu’il connaît déjà, donc tout n’est pas complètement “désespéré”. 😉
Je tiens à donner un conseil pour les personnes qui souhaiteraient se motiver au piano, c’est de regarder Your Lie in April. De seulement 22 épisodes, cette série a le dont de donner envie à n’importe qui de devenir pianiste.