
Admettez-le…
Le piano, c’est parfois frustrant !
Surtout quand vous avez l’impression de tout faire comme il faut.
Vous jouez plusieurs fois par semaine le temps nécessaire.
Vous répétez autant qu’il faut.
Vous y prenez même du plaisir (tout au moins au début).
Mais vous avez le sentiment de ne pas avancer.
Car les mêmes erreurs reviennent.
Et vous n’atteignez pas votre objectif.
A savoir, réussir à jouer parfaitement votre morceau !
Vous finissez par vous dire que cette pièce est trop difficile ou que vous n’êtes pas… doué !
La majorité des personnes qui n’avancent pas au piano sont épuisées.
Elles ont l’impression de “batailler” contre elles-mêmes, de devoir soulever des montagnes.
Alors que souvent, il suffit d’affiner sa stratégie pour atteindre ses objectifs.
Quels sont vos objectifs ?

A première vue, en observant cette image, l’objectif du chat ne fait aucun doute !
Le poisson rouge va finir dans son estomac.
Or pas forcément.
Car si on observe le chat, il a l’air plutôt endormi et n’est pas en position de chasse prêt à bondir et à avaler le poisson.
Il pourrait trouver une grande satisfaction à manger ce poisson mais pour l’instant, il n’a pas envie de plonger sa patte dans l’eau et de l’attraper.
Car cela lui demanderait de la persévérance, des efforts qu’il n’est pas prêt à accomplir aujourd’hui.
Donc il préfère le regarder bouger, les chats adorent regarder les choses en mouvement.
On peut dire que ce chat n’a pas d’objectif immédiat.
Il attrapera peut-être un jour le poisson rouge ou peut-être pas…
Au piano, on fait la même chose, quand on se dit :
- j’aimerais bien savoir jouer ce morceau (mais je ne me sens pas capable)
- J’ai conscience qu’il faudrait faire des efforts supplémentaires mais là, je ne suis pas prêt (peut-être demain ?)
- Je sais que continuer à jouer comme je joue ne suffit pas. Il faudrait passer à l’étape supérieure (mais j’ai la flemme !)
Clarifiez vos objectifs au piano

Imaginez qu’un proche vous demande :
“Pourquoi as-tu décidé d’apprendre à jouer du piano ?”
Il y a 80% de chances que vous lui répondiez avec un des arguments de la liste ci-dessus.
Ce qui est tout à fait louable.
Même si, entre nous, vous n’avouerez jamais que vous vous êtes mis au piano pour faire mieux que votre voisin qui vous snobe ou pour montrer aux autres que vous en êtes capable.
Mais bon, là n’est pas la question … 😉
Mais si un ami vous demande quels sont vos objectifs au piano cette année, ce genre d’argument ne fonctionnera pas.
En effet, dire j’ai pour objectif de
- me faire plaisir
- jouer de mieux en mieux
- d’être capable de tout jouer
- etc…
Cela ne fonctionne pas car ce sont juste des intentions.
Et ces intentions ne sont ni mesurables, ni définies dans le temps.
Donc vous courrez le risque de perdre votre motivation rapidement.
La magie des chiffres

Imaginez que vous répondez à votre ami :
Mon objectif au piano cette année, c’est de réussir à jouer parfaitement 10 nouveaux morceaux afin de me constituer un répertoire de pièces que je pourrai jouer devant mes amis.
Ou bien encore :
Mon objectif au piano cette année, c’est de jouer au moins 30mn par jour 5 jours sur 7 et de m’y tenir afin de m’assurer une constante progression.
On sent de suite la motivation derrière ces 2 affirmations !
Car c’est mesurable dans le temps.
De plus rajouter des chiffres à votre objectif vous permet de vous rendre compte si vous allez dans la bonne direction.
Segmentez vos objectifs

Si je reprends mon exemple plus haut : d’ici la fin de l’année, je veux savoir jouer 10 nouvelles pièces.
C’est un sacré défi !
Ambitieux mais réalisable !
La première étape consisterait à choisir les morceaux qui répondent aux bons critères.
Un bon objectif, on doit pouvoir le segmenter en sous-objectifs :
Par exemple, ce mois-ci, j’apprends la Petite Marche de Gurlitt et l‘Ostinato.
Je commence à déchiffrer chaque pièce :
(MS=Mains Séparées ; ME=Mains Ensemble)
- MS
- MS plus vite
- ME lentement
- ME en comptant les temps
- ME + fluide
- Travail de la vitesse
- Travail du phrasé et des nuances.
Il est toujours bon d’avoir au moins 2 morceaux à travailler pendant la même période afin d’être sûr de ne pas s’ennuyer.
Pour mon objectif de jouer 30 mn par jour, mes premiers sous-objectifs vont être
- de trouver le meilleur moment dans mon emploi du temps,
- de traquer mon temps passé au piano.
- de tenir un journal de bord
- de mesurer mes progrès
Ciblez vos objectifs

Le principe de tout objectif est d’atteindre le but, la cible.
Comment faire au quotidien, quand on veut déchiffrer une pièce sans perdre de temps ?
Commencez par différencier les parties de votre morceau.
Observez les mesures qui se répètent. Celles qui ont l’air de se ressembler mais qui en fait sont différentes.
Enumérez les différentes phrases.
A chaque fois que vous vous mettez au piano, posez-vous la question :
Que puis-je améliorer aujourd’hui ?
Cela peut être la mesure 12 de votre rondo qui vous pose problème.
Aujourd’hui, c’ est le moment ou jamais de vous y attaquer sérieusement.
De manière générale, commencez toujours par le plus difficile.
Ciblez les difficultés.
Par exemple ces double-croches, ces arpèges qui vous font peur.
Il faut éradiquer la difficulté et la douleur avant même qu’elles ne surviennent.
Commencez par la fin.
C’est toujours elle que le pianiste a tendance à négliger.
Alternez la vitesse lente et rapide.
Jouez vite même si vous avez l’impression que vous ne pourrez pas y arriver.
Car c’est à ce moment là, que vous allez repérer les instabilités.
S’autoriser l’échec

Au piano, il n’y a jamais d’échec.
Il y a juste des renoncements temporaires.
Il vaut mieux arrêter complètement l’étude d’une pièce que de stagner pendant des semaines.
Ce n’est pas grave, si vous ne réussissez pas à jouer cette partition maintenant car elle sera toujours là pour vous plus tard. A un moment donné, vous serez capable de la jouer.
Sauf si, évidemment, votre objectif consiste à réussir un examen au conservatoire ou un concours important. Dans ce cas précis, tout se joue sur le timing, il faut maximiser son temps d’étude au piano et… Ne rien lâcher !
Sachez que même si vous renoncez à un morceau avant de l’avoir terminé, vous aurez progressé.
Car vous progressez à la minute même où vous commencez à déchiffrer un nouveau morceau.
On peut dire que chaque nouveau morceau est une nouvelle aventure.
“En art, il n’y a pas de fin
Evgeny Kissin
Chaque année, il y a un nouveau maximum”
Se donner des échéances

Une bonne échéance va nous pousser à aller plus loin plus vite.
Le fait de savoir qu’il faut connaître parfaitement sa partition pour telle date peut nous donner des ailes !
Toutefois, cette échéance doit être réaliste donc réalisable.
Car le piano, comme tout apprentissage, demande du temps.
Il faut passer par des phases de travail et de repos pour que le cerveau et les muscles puissent mémoriser les nouvelles connaissances.
L’échéance nous donne des repères dans le temps.
Rien de pire que de commencer quelque chose sans savoir quand cela va se terminer !
Je connais cela en bricolage.
J’ai vraiment du mal à imaginer que je vais avoir terminé un jour… 😉
L’échéance permet aussi de contrer le perfectionnisme.
Il n’y a aucun mal à être perfectionniste au piano car cela signifie que vous êtes exigeant par rapport à votre jeu.
Un bon perfectionniste est celui qui recherche le meilleur geste, le meilleur son mais qui ne s’attarde pas trop et avance quoi qu’il arrive.
Le perfectionnisme devient un problème quand le pianiste est paralysé devant l’ampleur de la tâche et qu’il n’arrive pas à avancer l’étude de l’œuvre. Il peut rester parfois coincé sur la première page.
Ce qui m’amène au point suivant.
Arrêtez de papillonner

Ne faites pas comme les papillons, vous ne pourrez pas butiner toutes les fleurs.
Quand on papillonne au piano, c’est qu’on est à la recherche de sensations que l’on ne trouve pas dans l’œuvre travaillée.
On veut sentir la facilité sous les doigts, le son qui coule tout seul.
Ce phénomène se présente quand on déchiffre facilement de nouveaux morceaux, du moins le début.
Ensuite on est confronté à ses difficultés qu’on n’a pas le courage d’affronter.
Donc on se fatigue et on préfère se tourner vers une autre pièce qui paraît plus accessible et plus prometteuse.
Or, mieux vaut se concentrer sur un seul projet plutôt que s’éparpiller sur plusieurs.
Sinon, vous risquez de ne pas avancer du tout dans votre objectif.
Restez focus !
Organisez votre temps en fonction de vos objectifs

Faites comme ce jeune.
Il travaille comme d’habitude son piano.
Alors que que ses copains jouent au foot devant chez lui.
Il a su dire non à ses copains.
Si on veut progresser au piano, il faut s’astreindre à une pratique régulière.
Donc malgré toutes les tentations que vous pouvez avoir, il faut résister et ne pas vous détourner de vos objectifs.
Ce n’est qu’une question d’habitudes.
Ce qui m’amène au dernier point.
Le plaisir est une finalité mais ne doit pas être un moteur

Toutes les séances au piano ne sont pas forcément agréables.
Que vous soyez pianiste débutant ou plus avancé.
Evidemment, que vous faites du piano pour le plaisir !
Mais il ne peut pas être tout le temps au rendez-vous.
Un peu comme quand on fait du sport. On souffre (souvent) avant d’obtenir un résultat.
Parfois, certaines semaines, on n’a tout simplement pas envie de faire du piano.
On se force.
Et c’est normal.
Si malgré tout, vous persistez dans l’effort.
Vous allez noté très rapidement des progrès incroyables.
Et vous ne regretterez pas votre engagement sur la durée.
A vous de jouer maintenant !
Si vous suivez bien les différents conseils de cet article, vous allez atteindre à coup sûr vos objectifs !
Alors quel vont être vos objectifs pour les prochaines semaines, prochains mois ?
Qu’allez-vous travailler ?
Dites-moi en commentaire, je suis curieuse..
Partagez cet article avec vos amis si vous pensez que cet article peut les intéresser.
En fait si jo bien compris, comme toute entreprise personnelle, le vrai secret ,c’est trouver du PLAISIR !
Merci Henri pour votre commentaire
Vous avez tout à fait raison !
Sauf que parfois, faute de plaisir immédiat, on abandonne son projet.
Alors qu’avec un peu de persévérance, on y serait arrivé !
Quel bonheur de vous retrouver Claudine. Vous me donnez envie de me remettre au piano après un cancer et un grave accident de la circulation je suis heureuse de pouvoir me remettre au piano je ne suis pas expert mais avant tout ça j’avais travaillé l’ostinato.
Bien à vous Claudine
Anne Marie
Merci Anne Marie pour votre message.
Je suis désolée d’apprendre ces mauvaises nouvelles.
J’espère que vous vous êtes bien remise en tout cas…
Si l’article a pu contribuer à vous donner envie de vous remettre au piano, j’en suis très heureuse !
A bientôt
Bonjour Claudine,
Vous avez fait un vrai de travail de coaching, vous avez trouvé les mots justes pour l’organisation, comprendre nos véritables motivations et accepter que nous ne soyons pas forcément des génies mais que le travail paie toujours
Votre démonstration de départ est judicieuse, ludique et compréhensive pour tous
Un grand merci pour tout cela, et j’aurais toujours beaucoup de plaisir à vous suivre
Bien cordialement
Marie claire
Bonjour Marie-Claire
Merci infiniment pour votre commentaire chaleureux et encourageant !
Comme vous dites, nous ne [sommes] pas forcément des génies mais le travail paie toujours.
Je me permets de rajouter que les virtuoses doivent travailler aussi malgré leur bonne dose de génie 😉
A très bientôt
Bonjour Claudine,
Merci pour vos conseils. En ce moment, je suis un peu découragée et j’ai très envie
de ne pas me réinscrire l’année prochaine. La pratique du piano est très très difficile !
Peut-être suis je trop âgée (j’ai commencé il y a 2 ans et demi à 71 ans sans avoir fait de musique auparavant !!!). J’adore le piano malgré tout mais peut-être vais je me contenter d’écouter les autres jouer ! Je continuerai à vous suivre…
A très bientôt
Bonjour Martine,
Je comprends vos sentiments actuels et je ne peux que vous encourager à ne pas vous démotiver.
Vous avez déjà parcouru un long chemin depuis que vous avez commencé à jouer du piano sans expérience musicale préalable.
Peut-être ne le réalisez vous pas pleinement ?
Chaque progrès que vous réalisez est une véritable réussite.
Continuez à pratiquer avec persévérance et rappelez vous que la musique est avant tout un plaisir.
En ce qui concerne vos cours, j’imagine que ce sont des cours particuliers que vous prenez.
Qu’est-ce qui vous semble particulièrement difficile en ce moment ?
Est-ce la technique, la lecture des partitions, la coordination des mains ?
Peut-être n’avez-vous pas exploré avec votre professeur toutes les solutions adaptées à ces défis spécifiques.
Je suis en train d’écrire sur le blog un article qui va paraître très prochainement sur les stratégies à adopter lorsqu’on se sent un peu découragé au piano, j’espère qu’il vous sera utile.
A très bientôt
Bonjour Martine,
“l’âge ne fait rien à l’affaire!” chantait Brassens, pour d’autres raisons plus grivoises, mais on peut s’appliquer cette partie de la chanson. Moi aussi j’ai commencé tard, pendant la pandémie, et je progresse doucement mais sûrement en m’aidant de formations comme celle de Claudine, et autres, et quand je peux, un cours en présentiel, extrêmement utile. Donc, je vous souhaite de ne pas vous décourager, et peut-être de sélectionner les morceaux d’une façon progressive. Bien cordialement!
Bonjour Marie Alix,
Merci beaucoup pour votre commentaire d’encouragement ! Il me touche vraiment. C’est très très gentil… Je ne me sens plus seule…
Je vais m’accrocher. En ce moment, j’apprends “My heart will go on”, un morceau de “piano stars”. A bientôt
Bonjour Claudine,
Merci infiniment pour votre réponse. J’avais besoin d’un encouragement !
J’éprouve tout ce que vous décrivez dans votre dernier article : le sentiment de ne plus avancer, mêmes hésitations, mêmes erreurs, doutes sur mes capacités malgré ma persévérance.
Je suis inscrite à la cité de la musique de Marseille et j’ai une 1/2 heure chaque semaine sauf pendant les vacances scolaires.
Je vais suivre vos conseils sur votre blog que je trouve très pertinents.
Merci encore et à bientôt
Martine